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  • Photo du rédacteurMarc HENRY

*1* L'Histoire de la Castine : Munich



MUNICH


Il y a presque 8 ans se termine le salon de hifi high end de Munich. Mes associés Hugues et Jean Michel démontent le stand. Je suis allongé sur la moquette et regarde le plafond. Je vais marcher comme un petit vieux jusqu’au camion qui nous ramène en France


10 000 visiteurs, dont 5000 professionnels (revendeurs et journalistes) pour un salon consacré exclusivement à la hifi dite « high end » en fait le rendez vous international incontournable du milieu. Le système dont nous faisons la démonstration coûte tout compris plus de 250 000 euros. À Munich, c’est très banal, cette année là nous devons être une 50 aine de stand dans ce cas là.

Nous sommes 3 associés. La préparation du salon s’est terminée dans des conditions épiques, avec des bouts de ficelles, des morceaux de scotch…dans les derniers jours avant le salon, et pendant le salon, je trouve que le système marche très mal. Le son est dur, fatiguant…c’est maigre dans le bas médium, ça gueule dans le haut médium, manque d’air dans l’extrême aigu. Reste une dynamique étonnante, une belle matière sonore, et du sub jusqu’au au grave, c’est franchement sympa surtout comparé à ce que j’entends dans les autres stands.


C’est très énervant de recevoir des compliments pour un système qui marche beaucoup moins bien que chez moi. Mais bon, c’est habituel…un système hifi performant, ça n’aime pas être trimballé. Quand on l’installe qq part, il faut entre 12h et plusieurs semaines pour que ça « s’installe » et sonne du mieux que ça peut donner.


Les défauts qui me cassent les oreilles n’empêchent pas les visiteurs d’être séduits. On reçoit beaucoup de compliments. Plusieurs revues et blogueurs diront qu’on était « la meilleure écoute du salon ». On a une commande ferme d’un des meilleur revendeur d’Asie. Au lieu de lui fabriquer sa paire de « Grande Castine » je vais juste lui dire désolé, je suis incapable de vous fabriquer quoi que ce soit. À cette époque l’entreprise est épuisée financièrement. Et concrètement il n’y a plus personne pour la faire tourner. Ça fait un moment déjà que nous avons viré le gérant. Hugues s’occupe maintenant sérieusement de sa carrière de violoniste, Jean Michel déjà pas très en forme décédera l’année suivante, et moi je suis en burn out, en procédure de divorce, et avec une hernie discale.


Donc en rentrant de Munich, au lieu de fabriquer la paire de Castine commandée, je vais m’assoir dans une chaise longue sur la terrasse de mon pote Franck, et en gros je vais y rester 6 mois.



PARIS


En 2007 un prototype de « Grande Castine » est présenté au salon de Paris. Parait il que ce sera le stand le plus fréquenté. Les gens venaient s’assoir 20 bonnes minutes avant le début de notre démo pour être sûr d’avoir une place au moment où c’était notre tour de jouer. À ce stade, Je l’ai emmenée au maximum de ce que je pouvais faire tout seul. C’est plein de défauts mais tellement plus vivant que ce qu’on entend sur les autres stands. Au démontage du stand, Hugues me propose d’installer le prototype chez lui. Comme ça on pourra y travailler à deux et aller plus loin



NANTES


La phase de développement avec Hugues va durer plus de 3 ans. Jean Michel finance l’aventure. De temps en temps il vient nous voir, nous fait la cuisine, ouvre une bonne bouteille, apporte une critique bienveillante, renfloue les comptes, et repart en nous laissant nous amuser plusieurs mois jusqu’à sa visite suivante…L’objectif commercial était très vague. Jean Michel nous laissait toute latitude sur les essais qu’on avait envie de faire, et nous a laissé d’autant plus facilement nous amuser qu’à chaque fois qu’il venait nous voir les progrès étaient nets. Si la Grande Castine a pu progresser autant, c’est bien grâce à ça : personne n’était là pour siffler la fin de la récréation.


À chaque fois qu’on était bloqués par l’attente d’un composant, d’un haut parleur, on en profitait pour travailler sur un préampli, un ampli, et même un certain convertisseur à composants discrets et horloge analogique asservie qui donnera des idées à certains (private joke)


Au final il sortira de cette période plusieurs appareils intéressants notamment ce préampli que Srajan Ebaen avait préféré à son préampli de référence. Mais par faute de présence d’un bon commercial dans notre boutique tout ça restera au stade du prototype.


Avec La Grande Castine, l’idée de départ était de faire tout ce qu’il fallait pour le son, mais de rester rustique dans la finition pour pouvoir la sortir à un prix de 25 000 euros. C’est à dire entre 2 et 10 fois moins cher que ses concurrents. Mais plus elle prenait forme, plus elle progressait, et plus les professionnels de la hifi qui venaient l’écouter nous disaient qu’il fallait la rendre plus belle et monter le prix. Plus on arrangeait l’esthétique et plus elle coûtait cher. Aux coûts de fabrication il fallait ajouter les marges importateur et revendeur…c’était un engrenage qui nous a fait terminer à…120 000 euros pour la paire au moment du salon de Munich. Plus cher que la maison que j’habitait à l’époque.


DINAN


Tout à l’heure je vous parlais de la terrasse de mon ami Franck….c’est chez Franck que je vais voir ma première table de mixage, et ouvrir mes premiers appareils de studio.

La consternation

Beaucoup d’appareils de studio mythiques (micros, préamplis micros…) utilisent des composants dignes d'un radio réveil.

La consternation devient une révélation : Je modifie mes premiers micros, commence à restaurer des vieux Neumann…une activité qui m’ammène a créer l’Atelier du Microphone. Jusque là habitué à utiliser des composants « audiophiles » qui marchent très bien mais coûte un oeil, j’explore les catalogues et teste des quantités de résistances et condensateurs industriels et trouve des choses assez incroyables à 50 centimes…


C’est là que je réalise deux choses : sur nos systèmes hifi ésotériques qui utilisent des câbles secteur à 3000 balles et des condensateurs à la cire d’abeille et feuille de cuivre désoxygéné, nous écoutons souvent des prises de son réalisées avec des micros et préampli micro qui utilisent des composants de radio réveil, prises de son ensuite mixées dans des consoles remplies de circuits intégrés bien peu performant…cela explique bien des choses…avec ma culture de concepteur d’appareil pour audiophiles, je comprends enfin clairement pourquoi les prises de son des années 50 ou 60 sont souvent bien plus « vivantes » avec un son plus « charnu » et crédible que celles des années 80 et suivantes. Dans les studios des années 50, on utilisait peu d’appareils, de conception simple, contenant des lampes triode, des résistances au carbone, des condensateurs papier huilé, des transformateurs….rien que des recettes que les audiophiles utilisent quand ils fabriquent un appareil destiné à une reproduction sonore de qualité.



À chaque nouveau micro que j’ouvre, je vois bien que l’immense majorité des fabricants de matériel de studio méprisent ou ignorent les différences de son entre composants. Dans le Neumann U87, un micro incontournable présent dans tous les studios qui coûte la bagatelle de 2600 euros, on trouve à un endroit clé un condensateur qui est tellement mauvais à l’écoute que je n’ai jamais réussi à en trouver un qui soit pire (je parle du 1uF 50V qui est juste avant le transfo de sortie)


À la demande des clients, je me lance dans ce qu’on appelle le « clonage » c’est à dire la copie de certains micros ancien dont le son est non seulement bien difficile a imiter mais aussi bien meilleur que celui des micros modernes quel qu’en soit le prix.

Copier fidèlement un U47 (fameux micro Neumann à lampe sorti en 1947) est impossible pour cause de disparition des composants clés, il faut se contenter de ce qu’on trouve comme équivalent et ajuster en jouant sur le comportement de l’alimentation, sur des technologies de composant, pour donner ou enlever du corps, de la brillance dans l’aigu, de l’impact, de la tenue dans le grave…

Notre clone de U47 a le même caractère que l’original, avec des transitoires un poil plus « rapides » que le vrai mais pas trop…c’est fait exprès. il reste aussi bon que le vrai sur la voix, mais permet de faire plus de choses sur les instruments acoustiques



Les améliorations


En parallèle à tout ça, je continue de travailler sur des systèmes à pavillons. Le pavillon de grave de la Castine ne me plait pas. Il a clairement une « mauvaise longueur » par rapport à sa fréquence de coupure, ça crée une anti-résonnance près de sa coupure basse, et l’empêche de descendre. Je fais plusieurs prototypes et en retient un plus court de 20cm, de calcul légèrement différent. Il descend plus bas, monte mieux, et conserve la même efficacité malgré l’utilisation d’un hp de 30 cm au lieu de 38. Ce diamètre plus faible lui confère une meilleure « rapidité » qui lui permet de mieux se marier avec le grand pavillon circulaire et sa compression 2 pouces.


Sur le pavillon de médium aussi les soucis sont multiples. La distorsion apparait trop vite dés qu’on monte le volume, et ça ne descend pas assez bas et se raccorde mal avec le pavillon de grave. Avec un capot arrière pile du bon volume la distorsion est maitrisée, on gagne en coupure basse, je modifie le filtre en conséquence. Le raccord est maintenant bien meilleur avec le grave.


Quand au pavillon d’aigu, ça n’est pas mieux : il descend trop bas, ne monte pas assez haut ce qui crée une bosse dans le haut médium. Je calcule et fabrique quelques protos de pavillons à peine plus petits. Le bon modèle change tout : ça file plus haut, et il est plus facile à filtrer.


Pour avoir le meilleur résultat possible, c’est à dire avoir le plus de vie, de sensation de direct ; je veux rester avec un filtrage le plus simple possible. C’est ça qui oblige a modifier haut-parleurs et pavillons pour jouer sur la courbe de réponse. Ça serait de la sonorisation on jouerai sur les réglages d’un filtre actif numérique ; ça serait de la hifi usuelle a bas rendement, on ajouterai 3 ou 4 composants de filtrage supplémentaire et le tour serait joué. Mais les résultat final ne serait pas du tout le même…

Depuis le filtre de la Castine, j’ai fait beaucoup plus de comparatifs de composants. Et échangé avec plusieurs amis qui font le même genre de tests. On trouve côte à côte dans le nouveau filtre des composants audiophiles, et d’autres d’origine industrielle.


Pour le câblage, nos amis d’Absolue Création font des trucs toujours plus incroyables. On a de manière mesurable moins de distorsion que quand on alimente les hp via un bon câble ordinaire. Je ne vois pas comment c’est possible mais c’est un fait. Et à l’écoute…impossible de revenir en arrière.


Un dernier point auquel je tenais beaucoup est un traitement sérieux des vibrations. L’idéal serait que les haut parleurs soient tous parfaitement immobiles, et ne bougent pas d’un nanomètre même en fonctionnement. Pour ça il suffirait de les relier à une même structure qui devrait être infiniment rigide et infiniment lourde. Mais ce qui est infini n’est pas disponible facilement. Et une structure qui est seulement très lourde et très rigide ; eh bien à l’échelle du micromètre elle ne fait que vibrer dans tous les sens de manière complexe. Elle perturbe l’image, les timbres, la précision générale. La solution que je préfère sur les grands systèmes, c’est découpler les haut parleurs totalement les uns des autres, et absorber les vibrations au plus près de là où elles se créent. C’est obtenu par un couplage des moteurs et des capots des haut parleurs à des cavités remplies de poudres extrêmement fines et dures (sable et corindon).


Pendant ces mises au point et nouveaux développements, entouré de quelques amis, j’essayais de trouver les fonds pour lancer un projet très ambitieux : Un système à pavillon Français, très cher, fabriqué uniquement par des meilleurs ouvriers de France. Mais si travailler avec des MOF me passionnait, le domaine du luxe n’était pas fait pour moi. Pas vraiment convaincu moi même d’être à ma place dans ce projet, je n’ai logiquement pas non plus convaincu les investisseurs.

Progressivement est revenue à la surface une idée qui était à la base du projet Grande Castine : faire un système où tout serait fait pour le son, mais fabriqué de manière astucieuse et vendu en direct pour diminuer le coût le plus possible.


Au final, par petites touches, est né le système Kornhent : « la voie du pavillon »

Quand Kornhent a été présentable, je travaillais pour les studios et presque plus pour la hifi. C’est pourquoi le premier client a été un ingé son. Pas n’importe qui puisqu’il est aussi chanteur d’opéra !

Kornhent es devenu pour lui un outil de travail indispensable. Il l’utilise dés la prise de son, pour choisir et disposer les micros au millimètre. Ce travail précis lors de la prise lui permet de gagner beaucoup de temps lors du mixage, d’utiliser beaucoup moins de machines pour ajouter de la réverb, compresser…De même à la dernière étape de mastering qui se fait « tout seul ».


Quel que soit le style, quand un titre qui a été enregistré, mixé, masterisé avec Kornhent en système d’écoute, il peut être écouté sur tous les autres systèmes de reproduction, du plus simple au plus performant sans que soit mis en lumière de problème d'équilibre ou d'erreur de mix. Preuve que Kornhent est non seulement un régal pour écouter la musique de manière récréative, mais aussi un outil de travail performant et équilibré pour l’ingé son. C’est ce dont je suis le plus fier.





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